Critique « hors saison » : Alba Rohrwacher et Guillaume Canet, idéalement jumelés, envisagent des routes non empruntées dans la romance triste de Stéphane Brizé

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La riche veine de regret mélancolique qui traverse Hors saison (Hors-Saison) risque parfois de basculer dans une nostalgie kitsch, avec son intimité à la Lelouch se déroulant sur un bord de mer hivernal au rythme d’une partition vaporeuse et sentimentale. Mais la sensation de retour en arrière est habilement compensée dans le dernier de Stéphane Brizé par la vitalité émotionnelle de l’écriture, le jeu de la comédie avec un chagrin romantique persistant et l’alchimie exquise entre Alba Rohrwacher et Guillaume Canet, incarnant d’anciens amants qui trouvent un répit doux-amer à la stase désillusionnée. de leur vie lorsque leurs chemins se croisent des années après leur implication.

Le 10e long métrage de Brizé marque un changement par rapport à sa récente trilogie de drames sociopolitiques sur le lieu de travail avec Vincent Lindon — La mesure d’un homme, En guerre, Un autre monde – alimenté par l’indignation face aux questions de travail. Le ton se rapproche davantage des romances délicates qu’il a faites il y a plus de 10 ans, notamment Mademoiselle Chambon.

Hors saison

L’essentiel

An achingly tender pas de deux.

Lieu: Mostra de Venise (Compétition)
Casting: Alba Rohrwacher, Guillaume Canet, Marie Drucker, Sharif Andoura, Emmy Boissard Paumelle, Lucette Beudin, Gilberte Bellus, Hugo Dillon, Johnny Rasse, Jean Boucault
Directeur: Stéphane Brizé
Scénaristes: Stéphane Brizé, Marie Drucker

1 heure 55 minutes

Canet incarne Mathieu, un acteur de cinéma français populaire qui a eu peur d’une production théâtrale très médiatisée qui aurait marqué ses débuts sur scène à Paris et qui s’est retiré un mois avant le début des représentations. Cherchant à se libérer du stress et à échapper à certaines retombées, il s’enregistre pour un forfait bien-être d’une semaine dans un spa de luxe sur la côte bretonne.

Il y a des échos distincts chez Mathieu du personnage de star de cinéma dans les limbes de Bill Murray de Perdu dans la traductionavec son immense hôtel spa, ses environnements blancs stériles et son mobilier moderne et élégant fonctionnant de manière tout aussi aliénante que l’hôtel haut de gamme de Tokyo dans le film de Sofia Coppola.

Canet pousse les scènes d’établissement presque dans une farce pince-sans-rire alors que Mathieu est assis, l’air maussade dans son peignoir moelleux, endure les demandes incessantes du personnel et des invités pour des selfies, s’emmêle avec un équipement de massage par compression ou une cafetière intelligente qui n’est pas du tout conviviale, ou tout simplement regarde fixement alors qu’il ouvre et ferme les portes télécommandées de sa suite.

L’incitation d’un préparateur physique logorrhéique (Hugo Dillon) lors d’une séance de plage à trouver « la solidarité entre l’intérieur et l’extérieur » a à peu près autant d’effet que les enveloppements d’algues. De même, des appels téléphoniques à sa femme à Paris (exprimés par la co-scénariste Marie Drucker), un présentateur de journal télé très occupé aux heures de grande écoute qui rejette ses préoccupations professionnelles avec des solutions rapides mais inutiles.

Mathieu est quelque peu réveillé lorsqu’il est contacté à l’improviste par Alice (Rohrwacher), une Italienne installée de longue date en France, qui vit dans la ville balnéaire avec son mari (Sharif Andoura) et sa fille adolescente (Emmy Boissard Paumelle). Ils se retrouvent autour d’un café et d’un échange chaleureux de bavardages, et ne renouent que progressivement avec la relation qui s’est terminée 15 ans plus tôt lorsque Mathieu a choisi de poursuivre une autre vie.

Le scénario de Brizé et Drucker montre une touche agréablement légère car il met en évidence l’insatisfaction dans leurs vies respectives et la contemplation – clairement pas pour la première fois dans le cas d’Alice – de ce qui aurait pu se passer s’ils étaient restés ensemble. Cette dernière tendance, avec sa nostalgie inexprimée, donne au film des éléments thématiques en commun avec le film de Céline Song. Vies antérieures.

Ces thèmes se retrouvent également dans un bel intermède vidéo, tourné par Alice dans la maison de retraite où elle travaille, dans lequel une femme de 78 ans (Lucette Beudin) parle avec une franchise désarmante du mariage, ayant trois enfants au moment où elle avait 22 ans et considérait les relations sexuelles avec son mari comme un devoir conjugal. Ce n’est qu’à sa mort qu’elle a pu explorer sa sexualité et trouver le vrai bonheur avec l’amour de sa vie (Gilberte Bellus). L’empathie implicite dans les questions d’Alice est aussi émouvante que les expériences de la femme interviewée.

Alice invite Mathieu comme invité au mariage des deux femmes, et si les oiseaux imitateurs qui assurent le divertissement sont un peu précieux, l’atmosphère détendue de joyeuse convivialité semble un tonique pour un homme si habitué à conserver les apparences exigées par une vie en aux yeux du public.

Brizé évalue de manière experte les changements subtils tout au long du film, exploitant la puissance de la nature dans la plage balayée par les vents, la mer agitée, le ciel gris terne ou le rivage rocheux alors que les sentiments endormis entre les anciens amants refont surface comme les fantômes tristes et sensuels d’eux-mêmes.

Les clichés d’Alice chez elle avec sa famille suggèrent à quel point elle est seule, tandis que la composition pour piano qu’elle joue pour Mathieu sur un enregistrement révèle à quel point son épanouissement créatif a été compartimenté, voire étouffé. «Je me suis enfoncée dans un trou», dit Alice, alors que le film réalise un écart gracieux entre l’ennui morose et le doute de soi de Mathieu et son profond isolement émotionnel.

Même si le sentiment d’appartenance au lieu est celui d’un hiver endormi dans une ville d’été, il semble que pour Alice, l’inertie n’est pas saisonnière.

Les deux interprétations principales de cette pièce de chambre en tonalité mineure sont profondément ressenties, imprégnées de tendresse. Canet est étonnamment émouvant car le charme débonnaire de Mathieu, pendant si longtemps son fonds de commerce, semble soudain insuffisant face à l’honnêteté d’Alice, tout comme ses incertitudes professionnelles semblent insignifiantes. Le magnifique travail de Rohrwacher vous hante même après le générique de fin. Alice traverse les plaisirs chaleureux de l’affection renouvelée jusqu’aux reproches, à la colère et au ressentiment alors que de vieilles blessures sont rouvertes et que des déceptions enfouies depuis longtemps apportent une nouvelle douleur.

La retenue infaillible des deux acteurs, alors même qu’ils naviguent dans un fourré d’émotions hérissées, donne Hors saison des profondeurs satisfaisantes qui vont bien au-delà de l’apparente simplicité du film élégant.

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